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politiquement correct - Page 27

  • J'ai deux Zemmour...

    Nous reproduisons ici un article de Jérôme Leroy, écrivain et auteur de plusieurs excellents polars d'anticipation, publié sur Causeur, à propos des poursuites engagées à l'encontre d'Eric Zemmour.

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    J'ai deux Zemmour

    Le moyen le plus simple pour perdre des amis, ou faire le tri, est assez simple. Il suffit de dire ce que l’on pense vraiment sur certains sujets comme, au hasard, l’islam, le vin naturel, la délinquance, le conflit israélo-palestinien, le retour de la mode des gros sacs chez les filles ou le procès fait à Eric Zemmour. J’ai donc décidé d’en avoir beaucoup moins, d’amis, en disant que je trouve absolument scandaleux qu’Eric Zemmour soit poursuivi devant les tribunaux. Je sais très bien ce qui va se passer mais c’est plus fort que moi.

    À gauche, on va me soupçonner (on est souvent suspicieux à gauche). On va dire qu’au fond, j’ai toujours été de droite et qu’il n’y a qu’à faire un tour dans ma bibliothèque pour le savoir. Ça passe son temps à lire Bloy et Bernanos, Drieu et Nimier et ça vient se prétendre communiste.
    À droite, on va ricaner (on est souvent ricaneur à droite). On va dire que je veux faire mon malin, mon anticonformiste mais au fond, que je suis toujours pour l’appropriation collective des moyens de production et que si ça se trouve, je pense que le bilan des pays de l’Est est globalement positif. Sans compter que l’on m’a vu soutenir Julien Coupat et que je passe son temps à dire du bien des étudiants anglais et des anarchistes grecs.
    En fait, j’ai envie de défendre Eric Zemmour malgré Eric Zemmour.

    Je m’explique. Eric Zemmour est poursuivi parce qu’il a fait du Eric Zemmour. Ça nous guette tous. Quand l’homme politique, le polémiste, le poète, l’écrivain, le journaliste sont trop sollicités, ils s’auto-pastichent, se caricaturent et finissent toujours par se ridiculiser ou par dire une bêtise. Paul Verlaine, qui avait compris ce danger, avait décidé de le prévenir et avait lui-même écrit un poème intitulé « Dans le genre de Paul Verlaine », histoire de montrer qu’il était conscient de ses tics.
    Eric Zemmour aurait dû faire du Eric Zemmour en privé et pas chez Ardisson dont on sait qu’il a une vieille pratique de l’interview conçue comme une chasse à l’homme sauf chez ceux qui font l’unanimité médiatique du moment. Eric Zemmour a fait du Eric Zemmour à cause de nous tous, aussi, nous ses auditeurs, ses lecteurs, ses spectateurs qui le détestons, l’aimons et parfois les deux à la fois.

    Par exemple, Zemmour a fait du Zemmour pour être encore plus aimé par une droite populaire et dure. Résultat, on finit par être aimé par le député tourquennois Christian Vanneste pour qui Marine Le Pen est une gauchiste, les homosexuels des sous-hommes et la France une nation chrétienne, forcément chrétienne, une nation qui fait n’importe quoi depuis, mettons, 1789. Quand j’ai appris que Christian Vanneste soutenait Eric Zemmour, je me suis dit que même si je n’étais pas toujours d’accord avec lui, il ne méritait pas ça, Zemmour. Et j’ai tout de suite pensé, allez savoir pourquoi, au titre du film qui a raconté le procès contre Charlie Hebdo au moment des caricatures de Mahomet.
    Mais Zemmour a aussi fait du Zemmour pour être encore plus détesté. Etre détesté est un grand plaisir narcissique, ce que ne savent pas les gens qui vous détestent car s’ils le savaient, ils cesseraient de vous détester pour ne pas vous faire plaisir. Le champion de la détestation zemmourienne, je crois, c’est Claude Askolovitch. Pour Claude Askolovitch, quand on dit le mot France, on est déjà fasciste. Et quand on dit le mot France et qu’on est de gauche, on finit par devenir fasciste un jour ou l’autre. Le syllogisme de la mort.

    La preuve, nous dit Askolovitch, Chevènement soutient Zemmour. Tiens, encore une bonne raison de soutenir Zemmour, ça, pour moi. Chevènement a beau avoir un peu oublié le volet antilibéral de son souverainisme, c’est tout de même en participant à sa campagne de 2002 qu’il m’est arrivé deux choses bénéfiques : ma rencontre avec Elisabeth Levy et la possibilité de penser enfin à peu près clairement l’articulation entre nation et progrès social, quand règne partout la mondialisation.
    Tenez, je pense que Zemmour, au bout du compte, n’est pas attaqué pour ce que l’on dit dans les gazettes mais parce qu’il critique la mondialisation et l’Union Européenne de façon tout aussi virulente qu’un altermondialiste dans un séminaire sur le commerce équitable à Porto Alegre. Et que l’on n’est pas habitué à ce que ce genre d’attaque vienne de ce côté là. Ou alors qu’on lui en veut, dans une société de l’indifférenciation sexuelle programmée, pour avoir rappelé, un peu brutalement, que le transgenre n’était pas forcément l’horizon indépassable des rapports homme/femme.

    On sait très bien, depuis l’Antiquité, que les porteurs de mauvaises nouvelles paient pour la mauvaise nouvelle. On fait semblant, quand on les traduit devant les tribunaux, de leur en vouloir pour une chose, par exemple l’immoralité pour Flaubert ou l’antisémitisme pour Céline. Alors que c’est en fait pour l’angle de vue inédit (on appelle parfois aussi cela le style) apportés sur nos manques et nos lâchetés qu’ils sont cloués aux gémonies et voués au pilori, à moins que ce ne soit le contraire.
    Pourquoi est-il poursuivi, d’ailleurs, Zemmour ? Parce qu’il a dit que la plupart des trafiquants en prison étaient noirs et arabes. Et alors, pour avoir fait quelques ateliers d’écriture en milieu carcéral, comme on dit, même pour moi, c’est évident. Il aurait même pu ajouter qu’on trouve aussi des Gitans, souvent spécialisés dans le braquage.
    J’ai mon idée, de gauche, sur le pourquoi de cette surreprésentation. Ce n’est pas celle de Zemmour. Enfin, je ne crois pas.
    Mais a-t-il dit pour autant, un seul instant, qu’ils étaient là en raison de prédispositions génétiques ou pour des raisons de formule sanguine ? Il ne me semble pas. S’il l’avait dit, cela aurait été, effectivement, raciste. Là, il a juste oublié de terminer sa phrase, ce qu’il fait si bien quand il écrit Petit frère, qui n’est pas aussi bon sur le même sujet que Ils sont votre épouvante de Thierry Jonquet, mais qui n’est pas mal tout de même. Il pense que c’est dû à la mondialisation qui a fait perdre le sentiment d’appartenance à une même nation qu’il définit à la Renan comme un plébiscite renouvelé chaque jour. Jusque-là, je serais plutôt du même avis.
    Pour le reste, savoir pourquoi il y a des gens dans les quartiers qui ne participent plus au plébiscite (mais est-ce que les patrons délocaliseurs et les exilés fiscaux y participent encore, eux ?), on a le droit d’apporter la réponse que l’on veut.

    Zemmour estime que l’islam y est pour beaucoup. D’autres pensent que c’est un facteur parmi d’autres, et plutôt marginal. J’en fais partie.
    Le principal est de pouvoir en discuter. Jusqu’au bout.
    Quitte à s’engueuler gravement. Mais loin des prétoires. Très loin. Sinon, la France va finir par ressembler à une série judiciaire américaine. Et elle a beau être esquintée, fébrile, angoissée, elle mérite mieux que ça, je trouve, la France.

    Jérôme Leroy (Causeur, 18 janvier 2011)

     

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  • Le catéchisme postmoderne...

    Nous reproduisons ci-dessous le texte d'humeur que Michel Onfray a publié dans le journal Le Monde daté du 9 janvier 2011.

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    Le catéchisme postmoderne

    Notre civilisation politiquement correcte diffuse, par le biais des médias légitimes financés par le marché, une pensée unique contre laquelle un intellectuel digne de ce nom ne saurait aller. Voici quelques-uns de ces lieux communs du catéchisme de notre époque : le libéralisme constitue un horizon indépassable en dehors duquel il ne saurait y avoir que gauche irresponsable, stalinisme, communisme, marxisme-léninisme, néobolchevisme et autres billevesées d'irresponsables ignorant la science économique, religion des temps sans religion ; l'Europe est une chance pour les nations et les peuples, une garantie contre les guerres, les dévaluations, les krachs boursiers, le chômage de masse ; Internet est un lieu de liberté libertaire, un espace de circulation élargie de la vérité qui échappe au marché ; l'islam est une religion de paix, de tolérance et d'amour et quiconque, livre en main, pointe dans le Coran pléthore de sourates antisémites, homophobes, misogynes, phallocrates, bellicistes, intolérantes, célébrant la torture ou la peine de mort, passe pour un dangereux islamophobe compagnon de route du Front national ; le terrorisme international provient des villages les plus reculés d'Afghanistan où il faut faire régner la terreur militaire occidentale, mais sûrement pas du Pakistan, qui a l'arme nucléaire, ni des monarchies du Golfe, qui possèdent le pétrole...

    Et puis cette idée largement répandue que quiconque parle de démocratie réelle ou revendique le souci du peuple est un démagogue ou un populiste ! Il faut bien que ces élites aient peur et de la démocratie authentique et du peuple véritable pour réagir de façon pavlovienne avec pareille insulte...

    La machinerie gaullienne a bipolarisé la vie politique. Elle ne laisse de chance, pour gouverner la nation, qu'à deux formations libérales : une droite et une gauche, que, souvent, le style et le ton séparent plus que les idées et le fond. Dès lors, quiconque doute du bien-fondé de ce système devient un homme à abattre.

    Ainsi, cette antienne en passe de devenir vérité de science politique qu'en 2002 un certain Jean-Pierre Chevènement aurait fait perdre Lionel Jospin dont on s'évertue à oublier qu'il avait pourtant clamé haut et fort que son programme n'était pas de gauche. Il est tellement plus facile de massacrer le bouc émissaire que d'analyser les raisons d'un échec pour prendre sa part de responsabilité.

    Les mêmes belles âmes recommencent : Jean-Luc Mélenchon prendrait le risque de faire perdre la gauche ! La gauche libérale, autrement dit la gauche de droite, la gauche dite de gouvernement, ne perd pas une occasion de se placer au centre, mais elle voudrait en même temps conserver le bénéfice et les suffrages de son aile gauche... Plutôt que de savoir qu'on ne peut avoir le beurre centriste et l'argent du beurre de gauche, la Rue de Solférino stigmatise ceux qui revendiquent clairement une gauche digne de ce nom.

    Pour éviter le débat sur la nature des gauches, une fois les arguments remisés, on insulte : populiste celui qui s'installe sur d'authentiques positions de gauche et réaliste celui qui nous vend une soupe libérale servie dans un bol vendu par le PS ! A la queue leu leu, les billettistes, les éditorialistes, les journalistes, les intellectuels qui disposent de leur rond de serviette dans les officines médiatiques libérales activent la machine à gifles : démagogue par-ci, populiste par-là...

    Pourtant, il suffit de se souvenir des discours tenus par leurs soins depuis des années : quid de la panacée libérale ? L'euro devait apporter le paradis sur terre, l'amour entre les hommes, du travail à gogo, la fraternité entre les peuples, le cosmopolitisme dans les chaumières, la fin du racisme... Nous en sommes loin : chômage, misère en quantité, pauvreté, paupérisation galopante, pays en faillite, foyers en détresse, prolétarisation des peuples, pleins pouvoirs à une mafia richissime et un carcan bureaucratique européen serré au plus près de la nuque citoyenne...

    Quid d'Internet, qui devait nous apporter la Bibliothèque nationale gratuitement dans nos campagnes reculées (ah ! ce bon Jacques Attali...), faciliter la vie de l'intelligence en mettant le savoir digne de ce nom à disposition de tout le monde ? Tout passe par le Net et quiconque ne dispose pas d'un ordinateur est un citoyen de seconde zone. Les traces laissées par l'usage de nos ordinateurs servent aux marchands, aux publicitaires, aux polices diverses et multiples. Ne parlons pas de la possibilité pour chacun de dire tout et n'importe quoi, de montrer son indigence sans vergogne pour en informer la planète en temps réel.

    Quid de la liberté qui devait régner à Bagdad, dont l'Occident jurait qu'il deviendrait le phare de la démocratie dans cette région ? Ou de l'Afghanistan ? Des villages détruits, des femmes et des enfants massacrés par les armées d'occupation, dont la France, sous prétexte d'empêcher des attentats dans le reste du monde.

    Quid du peuple dont plus personne ne parle sans une moue de dégoût, sauf Marine Le Pen, qui pourrait bien en retirer des bénéfices. On ne peut longtemps l'humilier en le négligeant au profit de l'oligarchie qui professe ce catéchisme politiquement correct, sans générer une colère qui, un jour, emporte tout sur son passage. Les élections présidentielles sont, malheureusement, des occasions de régler des comptes - qu'on le veuille ou non, c'est ainsi. L'oubli du peuple est la première cause de la colère du peuple. Sachant cela, la colère s'évite - si l'on veut. Sinon...

    Miche Onfray (Le Monde, 9 janvier 2011)

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  • Les snipers de la semaine (12)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur Ring, Laurent Obertone tire sur l'ambulance qui emmène Stéphane Hessel à la maison de retraite...

    Hessel, l'Indignator vous parle dans le poste

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    - sur Bakchich, Louis Cabanes lâche quelques rafales sur l'irréprochable petit état du Poche-Orient...

    Israël, terre promise des mafieux

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  • Diversité au Walhalla...

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    Les dieux nordiques dans un film à la sauce Marvel comics, on pouvait craindre le pire... On avait raison ! Nos spécialistes américains des superhéros "bodybuildés" viennent de fabriquer un Thor, réalisé par Kenneth Branagh (que vient-il faire dans ce drakkar ?...), conforme aux canons du politiquement correct en vigueur. Outre la débilité du scénario, qui ne devrait pas mobiliser plus de trois neurones par spectateur, on découvrira avec intérêt un Idriss Elba, acteur anglais et noir, jouant Heimdal, ainsi qu'un acteur d'origine asiatique jouant un autre dieu d'Asgard. Pour les handicapés, les producteurs ont du considérer qu'ils étaient suffisamment mis en valeur avec Odin, le dieu borgne !

    Pour rire un peu, vous pouvez voir ci-dessous la bande annonce de ce navet qu'on devrait voir sur les écrans français en avril 2011...

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  • Lire Juvin et refaire l'histoire !...

    Pour bien commencer l'année, nous ne pouvons que vous conseiller à nouveau la lecture du remarquable essai d'Hervé Juvin, Le renversement du monde (Gallimard, 2010), qui, selon Alain de Benoist, "n'est pas seulement une analyse perspicace de la crise financière actuelle, mais aussi une des analyses de la mondialisation les plus pénétrantes parues à ce jour".

    Hervé Juvin, s'il dresse un tableau terrible de l'Europe d'aujourd'hui, n'en est pas pour autant un décliniste chagrin, tourné vers le bon vieux temps. C'est, au contraire un formidable professeur d'énergie. On rêve qu'un candidat (ou une candidate !...) à l'élection présidentielle de 2012 s'inspire de son livre et propose enfin aux Français un projet politique ambitieux...

    Bref, il faut lire Juvin, et le faire lire !

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    Nous reproduisons ci-dessous quelques extraits de son livre :

     

    "L'exercice qui nous interroge depuis le monde qui vient nous appelle surtout à confesser notre identité, nous, Français, Européens, d'ici, de cette terre et des nôtres, moins comme origine que comme projet. Savons-nous ce que nous voulons être, représenter, incarner comme Français, comme Européens, et savons-nous comment et avec qui nous voulons le faire? L'idéologie individualiste ne nous apporte aucune réponse, pis, elle nous interdit de répondre. Le drame est que son aboutissement, la production du monde, la production des corps et de la vie, et la fin de l'histoire dans 1e triomphe de la volonté humaine, fait disparaître toutes les réponses possibles, les escamote plus encore qu'il ne les interdit en les reconduisant à des problèmes individuels: si vous vous sentez seuls, allez voir un psy! Le drame est que l'effort immense de dispense du réel et de sortie de l'histoire et de la géographie des Européens, engagé depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, appelle un effort symétrique: aussi intense et aussi puissant, pour renouer les fils de l'honneur et de la fidélité des nations d'Europe à elles-mêmes. Vivre avec la crise appelle un immense travail de recontextualisation, c'est-à-dire un travail exactement inverse de celui auquel a procédé l'idéologie du marché, de la concurrence pure et parfaite, de la vérité des comptes, de la mise en conformité des décisions, de la contractualisation des relations. Réaliser la décolonisation de l'Union européenne contre l'entreprise mondialiste est le premier et l'immense travail politique qui vient. Travail de retour à l'histoire et à la géographie. Travail de situation de tout ce qui parle, affiche, publie, témoigne, influe: d'où vient-il, et de qui? Travail de survie., qui appelle le tour de garde de sentinelles éveillées : que chacun donne son mot de passe, que chacun dise quel est son nom, d'où il vient et de qui, qui le paie et pourquoi, nous n'avons plus le luxe de croire que les idées viennent de nulle part et que ceux qui parlent entendent seulement nous divertir. Travail de repérage, de mesure, de détection des cristaux que charrie la boue quotidienne de l'événement et de l'information. Travail de détection, de sélection et de discrimination, pour reconnaître les amis des ennemis et veiller aux portes. Travail d'arpenteur ou de géomètre, sans doute, travail de portraitiste, d'entomologiste ou d'herboriste surtout, travail de reconnaissance des écarts, de révélation du divers, d'invention du séparé, de découverte du particulier, là où la loi des comptes, des nombres, des modèles et des normes travaillait à réduire au même, à conformer au modèle, là où le droit, le marché et le contrat travaillaient à dispenser l'action et la relation humaines de tout contexte et de toute singularité, là où le nouveau conformisme autorise des entreprises à évaluer et noter leurs collaborateurs en fonction de leur appétit pour la diversité, c'est-à-dire de leur capacité à oublier les leurs, leur sang et leurs liens. Faudra-t-il parler d'art et de la capacité à enchanter ce qu'une étonnante conjuration de forces s'est employée à banaliser? Pour comprendre la crise, pour dépasser la crise, nous avons moins besoin de politiques que de photographes et de conteurs d'histoires, moins d'économistes que d'ethnologues et de philosophes, moins d'experts et de spécialistes que de passeurs et de curieux. Où sont les arpenteurs des champs du savoir et de la conscience qui se riaient des disciplines, des catégories et des appellations? Où sont ces trafiquants du savoir, journalistes un jour, ethnologues le lendemain, et romanciers de leur vie toujours, qui ont fait mieux que nous dire le monde, qui nous l'ont fait rêver ?"

     

    "Affirmer ses fondamentaux est l'un des moyens de traverser la crise. L'épée des convictions seule peut trancher les contradictions du système. Au sortir espéré de la crise, les citoyens, les fidèles ou les croyants n'attendent qu'un seul discours: l'affirmation de ce qui ne changera pas; de ce qu'est la nation ou l'empire, sa mission, son projet, indépendamment des marchés, des changes, de la Chine et des subprimes. Parler de durée, de long terme, c'est commencer par énoncer clairement ce qui ne changera pas. C'est définir son identité et aller jusqu'au bout; définir ce que l'on est, c'est définir ce que l'on n'est pas, c'est exclure ce et ceux qui n'en seront pas, c'est circonscrire son action, son ambition, se reconnaître des limites, et c'est discriminer ce qui et ceux qui peuvent en être, qui en seront, par rapport à ceux qui n'en sont et n'en seront pas."

     

    "L'ordre ancien a vu l'opposition des religions les unes contre les autres, des nations les unes contre les autres, des peuples les uns contre les autres. Le système nouveau est celui de l'opposition des peuples, des nations et des religions contre le mondialisme qui prétend les abolir, les réduire, les soumettre, et contre ceux qui prétendent diriger le monde vers son unité, au nom de leur élection prétendue ou de leur supériorité autoproc1amée. Et le système nouveau est celui qui organisera la coopération de peuples souverains, distincts, unis et divers. Ceux qui organisent dans l'ombre la conspiration des sachants, des experts et des banquiers, ceux qui exposent en plein jour leur projet de directoire mondial, planifient le chemin de la démocratie planétaire et se préparent au gouvernement universel, ceux-là sont les pires ennemis de tous les peuples, de tous les hommes de leur terre, de leur sang et de leur foi, de tous les rebelles, résistants et insurgés contre le bien unique, la conformité imposée et le métissage de rigueur. Ils savent que la frontière est la limite de l'autorité légitime et de l'action utile. Ils savent que la discrimination est la condition de tout projet de société consistant. Ils savent que la préférence des siens par rapport aux autres est le fondement de la liberté des uns et des autres à suivre leur voie et à approfondir leur unité interne. Ils savent par-dessus tout que la diversité des collectivités humaines est le seul véritable garant de la survie de l'humanité, et qu'elle résume à elle seule la condition politique. Ils connaissent leurs ennemis, et ils sauront sans trembler, sans frémir et sans remords le moment venu d'en finir."

    Hervé Juvin, Le renversement du monde, Paris, Gallimard, 2010, 264p

     

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  • Déclaration de guerre !...

    Les éditions Praelego viennent de publier Le marteau - Déclaration de guerre à la décadence moderne, un essai incisif de Julien Rochedy. Animateur du site Emediat, l'agora de droite, l'auteur charge sabre au clair contre l'esprit du temps et pourfend le politiquement correct... Un jeune hussard nietzschéen, droit dans ses bottes !

     

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    "Ce livre est une déclaration de guerre, violente, âpre et pertinente, a presque l'ensemble de nos idées, de nos valeurs et de nos sentiments modernes. Pour l'auteur, nos sociétés françaises et européennes seraient rentrées dans une décadence que masquerait une odieuse vanité contemporaine ; et, pendant que nous nous sentirions " justes, progressistes et plus humains ", une nouvelle barbarie serait en train de naître, produit d'une dégénérescence qui nous mènerait à la ruine et au chaos. Qu'un tel livre ait été écritpar un jeune de vingt ans, on a encore du mal à s'en remettre... Ecrit par un vieux réactionnaire, il eut été plus prévisible ; écrit par un jeune romantique, sur un ton agressif et nietzschéen, il nous bouscule dans tout ce que nous considérons comme vrai, et annonce pour l'avenir une nouvelle génération qui remettra peut-être en cause nos habitudes, nos bons sentiments et nos réflexes de modernes, englués désormais dans une bien-pensance aux allures totalitaires.Quoiqu'il advienne et quoiqu'il en soit, on ne peut vraiment pas sortir d'une telle déclaration de guerre indemne. Premier livre de Julien Louis Rochedy, né le 10 mars 1988."

     

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